Chers patients,
Suite aux dégradations de nos conditions de travail et à leur répercussion sur ma santé, j’ai décidé de cesser mon activité libérale.
Un médecin n’est pas un super héros, je suis humaine comme vous.
Il faut savoir dire stop, c’est ce que j’ai dit à certains d’entre vous, et maintenant c’est valable pour moi.
Exercer la médecine libérale n’est plus possible pour moi dans les conditions actuelles, j’ai donc pris la décision de cesser mon activité au 31/12.
Je suis pour le moment en arrêt de travail, je referai selon mes possibilités quelques consultations d’ici là.
1 médecin sur 2 est en burn out.
Les médecins se suicident 2,5 fois plus que la population générale.
Cela fait des années que nous faisons face :
-aux difficultés d’accès aux soins : cela signifie batailler au quotidien, en 1ere ligne, pour réussir à obtenir pour mes patients un rendez vous rapide chez un spécialiste ou pour une imagerie, un lit pour une hospitalisation en urgence, ou même des médicaments régulièrement en pénurie, et parfois se trouver en échec car je n’ai aucune alternative
-à la violence ambiante et à des conditions d’exercice angoissantes : dénigrement de la part des médias, du ministre de la Santé, du directeur de la CPAM, manque de matériel et de moyens pour nous protéger pendant les épidémies de Covid, agressivité de certains patients envers nous ou nos secrétaires (non, on ne traite pas une personne de « sale pute » ou de « connasse » quand on ne peut pas obtenir un rdv pour renouvellement d’ordonnance en moins de 72h)
-à la pression administrative et financière devant une augmentation de nos charges : c’est ce qui m’a motivée à passer en « honoraires libres » en juin, la réponse de la CPAM « vous n’avez qu’à voir 1 patient toutes les 10 min » me semblant incompatible avec une pratique de médecine humaine et de qualité
-à la pression de nos instances de santé : certains d’entre vous sont au courant, j’ai été convoquée en commission de pénalités par la CPAM, pour avoir soi disant établi trop d’arrêts de travail. Mes explications sur le bien fondé de ces arrêts n’ont pas été écoutées, et je suis maintenant placée sous « MSAP », c’est à dire que chacun des arrets que je prescris doit être validé par un médecin de la CPAM : cela a des retentissements
-sur mes patients : retard de paiement des indemnités journalières
-sur mon exercice : risque de refus de vous prescrire un arrêt même si fondé par peur d’être pénalisée (je risque une amende de 4000 à 8000€)
Le Dr David Duprez rejoindra l’équipe médicale à partir du 13 novembre.
Merci pour votre confiance et les liens tissés au cours de ces 7 années.
Dr Marie Guillemot Léquipé
Cursus et Diplômes
- Capacité de Médecine et Biologie du Sport (2022)
- Doctorat en Médecine (2016)